Sac sur le dos, MP3 dans les oreilles, Kramas autour du coup
contre la sueur, je prends la route. On verra bien. J’ai beaucoup marché au
Cambodge. Mais jamais sur de telles distances. Pas sur que je tienne le coup.
Mais je ferais le max. Je sais que je ne suis pas en super forme (quoi que
meilleure qu’à mon arrivée)… mais je ne me doutais pas à quel point.
Départ vers 9H00 environ. Le ciel est couvert. Ca facilite
les choses (moins chaud). Je longe les rails qui vont vers l’Ouest, vers Kep,
avant de remonter vers le Nord et sa capitale. Avec une moyenne de 5 kilomètres
par heure (c’est à peu près ce que j’avais marché au Ratanakiri), je compte marcher
près de 30 kilomètres par jour. Avec des haltes régulières. De manière
optimiste, j’arriverais à Phnom Penh via sa banlieue Sud (et ses bidonvilles
dégueulasses) en 5 jours. Je terminerais les derniers kilomètres en tuk-tuk.
Voilà pour la théorie.
La pratique fut tout autre.
Je croise pas mal de gens sur ma route. Un coiffeur de
village qui m’offre une chaise à l’ombre pour quelques minutes, un moine dans
un temple qui me dit que je suis totalement fou de faire ça, une famille qui m’offre
du jus de canne à sucre (dégueu, mais bienvenue), un enfant qui va me suivre
durant près de 2 kilomètres sans jamais m’adresser la parole avant de disparaître
devant moi et des écoliers heureux de me voir et qui veulent être pris en photo !
La vie qui règne en périphérie de la voir de chemin de fer est aussi belle que
tumultueuse. Un type qui marche, sacs à dos, seul, sur des kilomètres est pour
eux une aberration. Donc un spectacle.
Le sac commence à me poser des problèmes. Il est de très
bonne qualité, pas trop lourd (15 ou 16 kilos au jugé) et pratique. Mais mes
épaules me font horriblement souffrir et au fur et à mesure, j’ai la sensation
qu’il pèse une tonne. Mes pieds commencent à chauffer. Mon souffle devient de
plus en plus court et haletant. Mes mollets tremblent quand je m’arrête. J’ai
du sucre sur moi. J’en prends lors de mes courtes haltes. Mais ces dernières
sont de plus en plus problématiques car j’ai de plus en plus de mal à repartir
à chaque fois. Et ce putain de soleil qui appuie sur mon crâne. Et pas d’ombre
à mille lieux alentours.
Je commence à avoir mal au crâne.
Je ne sais plus combien de kilomètres j’ai parcouru, mais je
commence à regretter ce plan prétentieux digne d’un sot !
J’arrive près d’une grande route de terre et m’effondre au
sol, sans même prendre la peine de retirer mon sac. Je suis ruiné. Physiquement
et psychologiquement. Je reste cloué là. Incapable de me lever. Ma tête me fait
mal. J’avale un cachet avec une gorgée d’eau chaude (leçon du jour : ne
jamais mettre sa bouteille à l’extérieur du sac !). Mon esprit veut
repartir, mon corps refuse. Je me sens vraiment désemparé !
Je ne sais pas où je suis. Je demande à un paysan si Kep est
encore loin.
Il me répond que j’y suis. Qu’ici, c’est l’entrée de la
ville. Et même pas un panneau pour me prévenir !
Cette nouvelle me donne un ultime élan ! Je me lève et
décide de marcher jusqu’à ce que je trouve la premier Guest House du coin. Elle
se trouve 200 mètres plus loin. Coup de chance. Je dois avoir l’air inquiétant.
Les gens accueillent ma venue avec des yeux ronds. Je demande si il reste une
chambre de libre. Pas de soucis. Le patron est français en plus.
Me demande d’où je viens. Je lui dit que je viens de faire
Kampot-Kep à pied et que je suis anéanti. Il sourit, me dit que je suis malade
de marcher sous cette chaleur et me donne ma chambre.
Je m’écroule sur le lit frais avec délice en me disant que
je suis un con, un incapable, un branleur prétentieux qui a voulu jouer au
grand. Et qui n’a pu aller plus loin que 26 kilomètres. J’ai de la déception et
de l’amertume.
Et pas mal de honte.
Courage branlito, on est avec toi !!
RépondreSupprimerTu aurais du manger le petit près du chemin de fer, ça t'aurait donné des forces !
c'est Forrest Gump au Cambodge, j'adore!!!!!
RépondreSupprimerBon titre de futur bouquin! allez, courage mister Goblas!
RépondreSupprimermister goblas est dans la place !!!!
RépondreSupprimeralors pas trop crevé?
HAHAHAHA
tom